Le désamiantage lors des rénovations éco-responsables : défis et opportunités
Publié le 26/05/2025


Intégrer le traitement de l’amiante dans un chantier éco-responsable
Dans une démarche de rénovation éco-responsable, la prise en compte du traitement de l’amiante ne doit pas être perçue comme une contrainte isolée, mais comme un levier essentiel de la durabilité du projet. Intégrer l’amiante dès la phase de diagnostic permet d’anticiper les risques, d’ajuster le calendrier des travaux, et d’optimiser les choix techniques (encapsulage ou retrait, type de confinement, gestion des déchets, etc.). Une évaluation précoce et rigoureuse permet de planifier une gestion des matériaux polluants compatible avec les objectifs environnementaux du chantier, notamment en limitant l’exposition des travailleurs et en réduisant les effets négatifs sur l’environnement.
Il est également crucial d’impliquer des entreprises certifiées SS3 dès la conception du projet, et de privilégier des filières de traitement vertueuses, comme la vitrification, lorsque cela est techniquement et économiquement faisable. Le recyclage partiel de certains composants non contaminés, le choix de matériaux de substitution à faible impact carbone, et la réduction des consommables (bâches, filtres, équipements jetables) s’inscrivent pleinement dans une logique d’éco-conception. En intégrant ces paramètres en amont, le chantier gagne en cohérence, en sécurité, et contribue activement à la transformation durable du secteur du bâtiment.
Le désamiantage est un enjeu majeur pour la santé publique et l'environnement
L'amiante, autrefois largement utilisé dans le secteur de la construction pour ses propriétés isolantes et ignifuges, est aujourd'hui reconnu comme un matériau hautement toxique. Interdit en France depuis 1997, il reste néanmoins présent dans de nombreux bâtiments construits avant cette date. Les travaux de rénovation éco-responsables doivent impérativement intégrer la problématique du désamiantage pour garantir la sécurité des travailleurs et des occupants, tout en préservant l'environnement.
Identification des matériaux amiantés : une étape cruciale pour agir
Le diagnostic amiante : une obligation réglementaire
Avant d'entreprendre des travaux de rénovation, il est essentiel de réaliser un diagnostic amiante, également appelé repérage amiante. Ce diagnostic, effectué par un diagnostiqueur certifié, permet d'identifier la présence de matériaux contenant de l'amiante dans le bâtiment. Il est notamment obligatoire pour les immeubles construits avant le 1er juillet 1997.

Les joints de fenêtres et les loggias : des zones à risque à traiter avec des entreprises agréées
Les joints de fenêtres, les mastics et les matériaux utilisés dans les loggias des bâtiments anciens sont souvent susceptibles de contenir de l'amiante. Ces éléments, en se dégradant, peuvent libérer des fibres d'amiante dans l'air, présentant un risque pour la santé des occupants et des travailleurs. Une attention particulière doit donc être portée à ces zones lors du diagnostic.
Le retrait d’amiante en SS3 sur les fenêtres et loggias : un cadre réglementaire strict
Le retrait d’amiante sur des éléments de façade tels que les fenêtres ou les loggias relève de la sous-section 3 (SS3) du Code du travail, qui encadre les travaux de désamiantage à caractère délibéré. Ce type d’intervention vise à retirer des matériaux contenant de l’amiante, souvent présents dans les joints d’étanchéité, les mastics de vitrage, les colles, ou les éléments de structure en béton préfabriqué, particulièrement dans les bâtiments construits avant 1980. La réglementation impose que ces travaux soient réalisés par une entreprise certifiée amiante SS3, disposant d’un personnel formé, d’un encadrement technique compétent et d’un équipement de protection collective et individuelle adapté (confinement, extraction d’air, filtres, combinaisons, etc.).
Avant toute intervention, un diagnostic amiante conforme doit être réalisé par un diagnostiqueur certifié, suivi d’une évaluation des risques, d’un plan de retrait validé et d’une déclaration préalable à l’Inspection du travail, à la CARSAT et à l’OPPBTP. En chantier, les travailleurs doivent suivre un protocole strict visant à réduire leur exposition, mais aussi celle des occupants et de l’environnement. Cette procédure encadrée par le décret n° 2012-639 et le Code du travail assure un niveau élevé de sécurité, tout en répondant aux exigences de durabilité et de performance énergétique des projets de rénovation.
Le stockage et l’évacuation des déchets amiantés : une opération réglementée sur votre chantier propre
Le stockage et l’évacuation des déchets amiantés sont strictement encadrés par la réglementation française et européenne, en raison des risques sanitaires et environnementaux que représente ce matériau dangereux. Dès leur production sur un chantier de désamiantage, les déchets doivent être collectés à la source dans des contenants hermétiques, résistants et clairement étiquetés avec le pictogramme « amiante ». Ces produits (plaques, gaines, enduits, flocages, joints, etc.) sont conditionnés dans des sacs à double enveloppe et des big-bags homologués, pour éviter toute dispersion de fibres lors des manipulations.
L’entreprise de désamiantage doit ensuite assurer un transport sécurisé vers une installation de traitement autorisée, munie d’un numéro d’agrément. Chaque étape — collecte, entreposage, transfert, réception — fait l’objet d’un bordereau de suivi des déchets amiantés (BSDA), document officiel permettant de tracer le déchet du chantier à son lieu de traitement final. Le non-respect de ces procédures peut entraîner des sanctions lourdes prévues par le Code de l’environnement, car ces travaux touchent à la sécurité, à la santé publique et à la protection de l’environnement. Cette rigueur réglementaire contribue à mieux évaluer l’impact global du désamiantage sur le territoire et à limiter les effets négatifs sur les sols, les nappes phréatiques et les populations.
Les risques liés à une mauvaise gestion des déchets dangereux sur un chantier
Les matériaux de construction contenant de l’amiante, lorsqu’ils sont abandonnés, mal stockés ou dispersés sur un chantier, présentent un risque réel de pollution des sols. En effet, les fibres d’amiante peuvent, sous l’effet de la pluie ou du vent, migrer dans le sol ou se mélanger aux poussières ambiantes. Ces fibres, très résistantes chimiquement et physiquement, peuvent persister dans l’environnement pendant des décennies. Une exposition prolongée aux fibres issues d’un sol contaminé peut affecter les travailleurs, les riverains ou les animaux, notamment par inhalation ou contact indirect via les végétaux. De plus, si les déchets amiantés sont enfouis illégalement ou déposés hors des filières réglementées, ils peuvent entraîner une contamination diffuse du site, compromettant toute future utilisation agricole, résidentielle ou industrielle du terrain. C’est pourquoi une gestion rigoureuse, conforme au code de l’environnement, est indispensable pour limiter tout effet durable sur les écosystèmes et les ressources naturelles.

Méthodes de traitement de l'amiante : encapsulage ou retrait
L'encapsulage : une solution rapide mais temporaire
L'encapsulage consiste à appliquer un produit sur les matériaux amiantés pour fixer les fibres et empêcher leur dispersion. Bien que cette méthode soit moins coûteuse et plus rapide, elle ne constitue pas une solution définitive. Les matériaux restent en place et nécessitent une surveillance régulière de leur état.
Le retrait : une approche durable mais comportant des conséquences environnementales
Le retrait ou démantèlement des matériaux contenant de l'amiante est la méthode la plus efficace pour éliminer les risques à long terme. Bien que plus onéreux, ce procédé permet une rénovation complète et durable du bâtiment, en conformité avec les normes en vigueur. Il est particulièrement recommandé dans le cadre de projets de rénovation énergétique.
Quelle solution est la plus écologique : encapsulage ou démantèlement ?
D’un point de vue environnemental, le démantèlement (ou retrait complet de l’amiante) est généralement considéré comme la solution la plus écologique sur le long terme. En supprimant totalement le matériau amianté, il évite toute émission future de fibres nocives et permet une rénovation énergétique complète du bâtiment, incluant l'isolation, les menuiseries et les équipements. Il ouvre aussi la voie à une valorisation plus facile des déchets, notamment via la vitrification dans certains cas. À l’inverse, l’encapsulage consiste à enfermer le produit amianté sous une couche protectrice, le maintenant dans le bâtiment. Cette option génère moins de déchets immédiats, mais elle reporte le problème dans le temps et peut compliquer des travaux futurs. L’encapsulage, en nécessitant des contrôles périodiques et un suivi de l’état des surfaces, engendre une gestion continue et n’élimine pas l’exposition potentielle en cas de dégradation. Ainsi, bien que plus coûteux à court terme, le démantèlement s’inscrit davantage dans une logique de durabilité et de protection de l’environnement.

Gestion des déchets amiantés sur les chantiers : un défi environnemental
Collecte et traitement des déchets
Les déchets contenant de l'amiante sont classés comme dangereux et doivent être gérés avec précaution. Ils doivent être conditionnés dans des contenants spécifiques, tels que des sacs hermétiques doublés, et étiquetés conformément à la réglementation. Seules des entreprises agréées peuvent effectuer la collecte et le transport de ces déchets vers des centres de traitement spécialisés.
Réduction de l'impact environnemental du désamiantage sur les chantiers de rénovation énergétique
Pour minimiser l'impact écologique du désamiantage, il est essentiel d'adopter des pratiques responsables :
- Utilisation de matériaux réutilisables pour le confinement.
- Réduction des déchets générés lors des travaux.
- Optimisation des trajets pour le transport des déchets.
Des entreprises spécialisées proposent des solutions adaptées pour une gestion responsable des déchets amiantés .
Enfouissement ou vitrification : quel procédé est le moins polluant ?
Lorsqu’il s’agit de traiter les déchets amiantés collectés lors d’un désamiantage, deux grandes options se présentent : l’enfouissement et la vitrification. L’enfouissement, aujourd’hui largement répandu en France, consiste à stocker les déchets dans des installations de stockage de déchets dangereux (ISDD). Bien que réglementé, ce procédé n’élimine pas les fibres d’amiante, mais les isole dans un contenant étanche pour limiter les risques d’exposition. Il présente toutefois un impact environnemental important à long terme, en raison de la mobilisation de surfaces de sol, de la gestion des lixiviats, et du suivi post-fermeture des sites.
La vitrification, bien qu’encore peu déployée à grande échelle en raison de son coût, consiste à chauffer les déchets à très haute température (plus de 1 000 °C) pour transformer les fibres d’amiante en une matrice vitreuse inerte, comparable à du verre. Ce procédé supprime définitivement le risque sanitaire et permet, dans certains cas, la valorisation du matériau vitrifié. Du point de vue de la protection de l’environnement, la vitrification apparaît comme une solution plus vertueuse à long terme, même si elle reste énergivore et nécessite une évaluation au cas par cas selon la nature des déchets et les possibilités techniques du territoire.
État actuel de la vitrification de l'amiante en France
Actuellement, la France dispose d'une seule installation industrielle de vitrification de l'amiante : l'usine Inertam, située à Morcenx dans les Landes. Cette usine utilise une technologie de torche à plasma pour chauffer les déchets amiantés à des températures élevées (environ 1 500 °C), transformant ainsi les fibres d'amiante en un matériau inerte appelé Cofalit, qui peut être valorisé, notamment en sous-couche routière.
Malgré son efficacité, la capacité de traitement d'Inertam reste limitée, avec environ 6 000 à 8 000 tonnes de déchets amiantés vitrifiés par an, soit environ 2 % des 300 000 à 600 000 tonnes de déchets amiantés produits annuellement en France . De plus, le coût élevé de la vitrification, estimé à environ 1 200 euros par tonne, et la consommation énergétique importante du procédé constituent des freins à son développement à grande échelle.
Avantages du désamiantage pour l'environnement
Quels sont les risques de pollution des sols par des matériaux de construction amiantés dégradés ?
Dans de nombreux bâtiments anciens, notamment ceux construits avant 1980, des matériaux contenant de l’amiante sont encore présents en façade, en toiture, dans les loggias, ou autour des ouvertures (joints, plaques, conduits, etc.). Lorsqu’ils sont exposés aux intempéries ou simplement altérés par le temps, ces éléments peuvent se fissurer, se déliter et libérer des fibres d’amiante qui se déposent au sol. Ces dépôts invisibles, souvent méconnus des propriétaires ou gestionnaires d’immeubles, constituent une source de pollution insidieuse du sol, en particulier dans les zones piétonnes ou végétalisées autour du bâtiment. La contamination peut ainsi s'étendre à l’environnement immédiat du logement : jardin, terrasse, sol d’accès. Contrairement à une gestion volontaire des déchets, ces émissions sont passives, mais peuvent provoquer une exposition chronique pour les habitants ou les usagers, notamment les enfants jouant au sol ou les animaux domestiques. Ce phénomène souligne l’importance d’un diagnostic approfondi et d’un suivi régulier de l’état des produits amiantés en place, même hors travaux, afin d’évaluer les risques de pollution environnementale et sanitaire.
Le désamiantage contribue significativement à la protection de l'environnement
- Élimine une source de pollution potentielle.
- Facilite la rénovation énergétique des bâtiments.
- Réduit les risques pour la santé publique.
En intégrant le désamiantage dans une démarche globale de rénovation éco-responsable, les propriétaires et les entreprises participent activement à la transition écologique.
Le désamiantage est une étape incontournable dans les projets de rénovation éco-responsables, notamment pour les bâtiments construits avant 1980. Il nécessite une approche rigoureuse, respectueuse de la réglementation, et une gestion responsable des déchets. En s'appuyant sur des entreprises spécialisées et en adoptant des pratiques durables, il est possible de relever les défis du désamiantage tout en saisissant les opportunités qu'il offre pour un environnement plus sain et sécurisé.

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