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A partir de 1947, débute la folle échappée !

Publiée le 15/04/2021

A partir de 1947, débute la folle échappée !

NB : Les phrases entre guillemets et en italique sont des propos recueillis auprès de Jean Lorillard, fils d’André.

« Nous devions maîtriser nos approvisionnements de bois. »

 « Marcel à la scierie ne me livre pas assez vite ! Je ne peux pas me permettre de prendre du retard parce qu’il préfère fournir en premier son copain Arsène, le menuisier de Chartres » Même si Marcel et Arsène sont des personnages fictifs ;-), on imagine aisément le dialogue interne qui anime André à cette période : « si je livre mes clients dans les temps et avec des produits de qualité, ma clientèle sera satisfaite et fidèle. »

Pour maîtriser ses approvisionnements de bois, André installe donc une scie à grume fonctionnant avec une machine à vapeur. « Un ouvrier restait la nuit pour maintenir le feu et pour remettre au matin la pression nécessaire. »

« Adieu la machine à vapeur, vive l’électricité ! »

Lorsque la France bascule dans la 2ème puis la 3ème révolution industrielle, les campagnes se mécanisent et les machines dépassées par l’électrification sont remplacées par des machines plus performantes.

« Si vous êtes déjà venus nous rendre visite à Chartres, vous avez pu admirer sur le parvis, la 3 faces de l’époque. Elle permettait de profiler en continu et de pouvoir réaliser du parquet. » précise Pierre Lorillard, l’actuel Directeur Général délégué du Groupe et petit-fils d’André.

La scierie est équipée d’une nouvelle scie de tête et d’un ruban de reprise automatisé fonctionnant avec des moteurs électriques. Un portique de 7 mètres de haut assure la manutention des grumes, du parc de 900m² à la scie.

La crise du logement

Pendant la période de reconstruction, l’Etat français bénéficie des aides du Plan Marshall. Jean Monnet, alors premier commissaire au Plan, ne donne malheureusement pas la priorité à l'habitat et privilégie dans son plan quinquennal, la reconstruction des infrastructures de transport et des industries lourdes, conformément aux conditions d’obtention des subventions américaines.

À l’époque, il n’existe pas de « ministère du Logement » mais un « ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme » (MRU). Le pouvoir du ministère est partagé avec les principaux maîtres d’ouvrage de l’époque (collectivités territoriales, offices de logements sociaux, associations diverses…). Le MRU n’a pas de réelle politique du logement et pendant qu’il est tiraillé par de multiples choix et décisions à prendre (financement des travaux, typologies de logements, priorités des chantiers…), une dramatique crise du logement s’amorce.

En 1950, les HLM (habitations à loyer modéré) sont les héritières des HBM (habitations à bon marché) mais le mal-logement continue de s’étendre.

Les nombreux bâtiments détruits par la Guerre, la croissance démographique fulgurante portée par le Baby-Boom, le retour des français expatriés dans les anciennes colonies, l’immigration étrangère venue combler les besoins en main-d’œuvre et enfin l’exode rural font éclater la densité de population urbaine et notamment en région parisienne.

Il faudra attendre le Plan Courant en 1953 pour que l’État se donne enfin les moyens de développer un véritable plan national de construction et une politique sociale du Logement.

« De nombreux concours sont organisés pour rationaliser le bâtiment et construire des logements économiques permettant l’accès aux ouvriers et employés à des logements à loyer modérés. » Mais le retard est tel que les actions prennent encore trop de temps pour pouvoir résorber rapidement cette situation critique.

Bidonville dans les années 50

Le bidonville de Noisy-le-Grand 

Source : www.tourisme93.com

Le réveil de l’opinion publique

« À l’Hiver 54, la France « bourgeoise » découvre avec horreur que des français vivent dans des bidonvilles construits aux portes de la capitale, sans eau courante ni chauffage… ». Les taudis surpeuplés et insalubres font face aux logements haussmanniens des Grands Boulevards.

Un fait divers vient de bouleverser la France entière : un enfant vivant avec sa famille dans une roulotte vient de mourir de froid durant la nuit. L’Abbé Pierre qui avait déjà alerté les pouvoirs publics avant ce drame, lance un appel à l’opinion publique et mobilise massivement les français pour que les plus démunis puissent être logés décemment. La priorité est de leur offrir dans des délais record des logements sains et confortables.

La question du Logement est médiatisée et devient un enjeu central des débats politiques. Les besoins sont considérables. Le déficit estimé est de 3 millions de logements et la moitié des logements existants est insalubre ou surpeuplée.

Lorillard participe aux opérations de construction massives

Naissent alors les LOPOFA (Logements populaires et familiaux), les LEN (Logements économiques normalisés) et les Logecos (Logements économiques et familiaux), aux normes inférieures à celles des HLM mais qui ont permis de loger rapidement un très grand nombre de familles. Les premières cités d’urgence de logements sociaux sortent de terre. L'unique objectif est de construire vite et en très grande quantité.

La menuiserie Lorillard participe à l’ « Opération Million ». Le but est d’édifier 1 million de logements simples aux frais de constructions réduits : 1 million d’anciens francs par logement.

André doit recruter de nouveau pour assurer, le suivi des comptes, la préparation des commandes auprès des fournisseurs et l’élaboration des devis. Il faut aller vite toujours plus vite.

Nous sommes en 1957, les commandes s’enchaînent. « Dans l’euphorie de la reconstruction, les besoins sont énormes. De petits immeubles sociaux et des pavillons modestes fleurissent. Nous participons à des appels d’offres pour des constructeurs publics et augmentons notre zone d’intervention. Nous remportons des adjudications sur Nonancourt, Dreux, Louviers, Le Mans… »

À Saint-Denis, la cité Pierre-Sémard est construite à partir de 1958, dans le cadre de l'opération million

Source : www.tourisme93.com

L’édification des « Grands Ensembles » en perspective

André et ses équipes pressentent toutefois, dans un avenir proche, une véritable révolution de l’urbanisme : l’arrivée de nouveaux chantiers, « les Grands Ensembles ». « Des avants-projets de plusieurs centaines de logements sur de nombreux hectares sont présentés aux politiques, avec des tours, des barres, des centres commerciaux, des écoles… C’est la folie.

Nous envisageons de nous intéresser d’un peu plus près à la région parisienne où la construction de logements va exploser. Pour ce faire, nous établissons un partenariat avec un agent commercial qui nous permet de rencontrer des entreprises générales en recherche de sous-traitants et d’assurer une représentation auprès des offices de logements sociaux. »

Ces nouveaux types d’aménagements, inspirés de l’architecture moderne sont en rupture complète avec le tissu urbain existant. Ils marquent un changement radical dans la manière d’habiter en permettant de loger un maximum de main-d’œuvre dans des habitations au confort moderne et proches de toutes commodités.

« À l’époque, nous n’avons qu’une envie, c’est de participer à cette révolution architecturale, cette urbanisation galopante, qui marqueront notre société jusqu’à la fin du siècle. »

les Grands Ensembles

Vélizy-Villacoublay, Grands Ensembles immobiliers du Mail, années 60 

Source : Ville de Vélizy-Villacoublay

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